Santé : Rick Slayman devient la première personne à subir une greffe de rein de porc
La première personne à avoir subi une transplantation réussie à l’aide d’un rein de porc génétiquement modifié est sortie de l’hôpital deux semaines après avoir subi l’opération au Massachusetts General Hospital.
Le patient, Rick Slayman, 62 ans, a été jugé éligible pour cette chirurgie expérimentale, la première du genre, après qu’un rein qu’il avait reçu lors d’une greffe en 2018 a commencé à montrer des signes de défaillance au bout de cinq ans et qu’il a dû retourner en dialyse.
Lorsque des complications liées à la dialyse sont apparues, nécessitant des procédures fréquentes, ses médecins ont suggéré une greffe de rein de porc, a-t-il déclaré dans un communiqué publié par l’hôpital.
« J’y ai vu non seulement un moyen de m’aider, mais aussi un moyen de donner de l’espoir aux milliers de personnes qui ont besoin d’une transplantation pour survivre », a déclaré M. Slayman, gestionnaire de systèmes pour le ministère des transports du Massachusetts.
À sa sortie de l’hôpital, M. Slayman, qui souffrait d’une maladie rénale en phase terminale, a déclaré dans un communiqué publié par l’hôpital qu’il partait « avec l’un des bilans de santé les plus positifs que j’aie eus depuis longtemps ».
« Je suis impatient de pouvoir à nouveau passer du temps avec ma famille, mes amis et mes proches, sans le fardeau de la dialyse qui a affecté ma qualité de vie pendant de nombreuses années », a-t-il ajouté. L’opération de transplantation de quatre heures, réalisée le 16 mars, « marque une étape importante dans la recherche d’organes plus facilement disponibles pour les patients », a déclaré l’hôpital dans une mise à jour sur les progrès de Slayman la semaine dernière. C’est la première fois qu’un rein de porc génétiquement modifié est transplanté sur une personne vivante.
Auparavant, des reins de porc avaient été transplantés temporairement sur des donneurs en état de mort cérébrale. Deux hommes ont également reçu des greffes de cœur de porc, mais ils sont tous deux décédés quelques mois plus tard.
xénotransplantation
L’expérience marque le dernier développement en matière de xénotransplantation, terme qui désigne les efforts déployés pour tenter de guérir des patients humains à l’aide de cellules, de tissus ou d’organes provenant d’animaux. Pendant des décennies, cela n’a pas fonctionné, le système immunitaire humain détruisant immédiatement les tissus animaux étrangers. Des tentatives plus récentes ont été menées sur des porcs modifiés pour que leurs organes ressemblent davantage à ceux de l’homme, ce qui renforce l’espoir qu’ils puissent un jour contribuer à combler la pénurie de dons d’organes.
Plus de 100 000 personnes sont inscrites sur la liste d’attente pour une transplantation, la plupart d’entre elles étant des malades du rein, et des milliers de personnes meurent chaque année avant que leur tour n’arrive.
Les porcs sont utilisés depuis longtemps en médecine humaine, notamment pour des greffes de peau de porc et l’implantation de valves cardiaques de porc. Mais la transplantation d’organes entiers est beaucoup plus complexe que l’utilisation de tissus hautement transformés. Le rein implanté chez Slayman a été fourni par la société eGenesis de Cambridge (Massachusetts). Le porc a été génétiquement modifié pour éliminer les gènes porcins nocifs et ajouter certains gènes humains afin d’améliorer sa compatibilité.
Le cas de Slayman était difficile, selon les médecins. Même avant sa première transplantation, il avait des difficultés à être sous dialyse et devait subir des dizaines d’interventions pour tenter d’éliminer les caillots et de rétablir la circulation sanguine.
Il est devenu « de plus en plus découragé et déprimé par sa situation en matière de dialyse. À un moment donné, il a littéralement dit : « Je ne peux pas continuer comme ça » », a déclaré son médecin spécialiste des reins, M. Williams.
La Food and Drug Administration a donné une autorisation spéciale pour la transplantation de Slayman en vertu des règles d' »usage compassionnel ».
